Avec le soutien de

Didier Meillerand
fondateur du Psychodon, unis face aux maladies psychiques

Les 16-24 ans sont victimes de traumatismes psychiques sans précédent. C’est une génération qui a subi des impacts sur une période de vie courte: pas étonnant que le dernier sondage Opinionway-Psychodon révèle un chiffre alarmant :  55 % des jeunes se déclarent inquiets pour leur avenir.

LE MORAL DES JEUNES N’EST PAS AU BEAU FIXE

Ils sont imprégnés des regards de leurs parents effarés par les attentats de 2001. Ils ont vu les images des attentats Charly Hebdo, sur les terrasses des cafés, dans les églises, sur le front de mer à Nice. Ils accèdent à leurs magasins préférés pour acheter des vêtements ou de la musique en franchissant des portiques et en montrant le contenu de leur sac. Cette génération vient de vivre une crise sanitaire avec des masques sur le visage. Et maintenant, les jeunes voient à la télévision les images violentes d’une guerre en Ukraine à la porte d’une Europe que l’on croyait tous en paix. Cette succession d’événements n’a  de cesse de cumuler des blessures psychiques au moment où la joie de vivre et l’insouciance devraient avoir toutes leurs places.

Le sentiment de mal-être réside fortement chez les jeunes, ils sont 25% à se décrire comme « malheureux ». Cette accumulation de sources de stress et d’anxiété ne permet pas le bon développement mental et l’épanouissement des jeunes. Le manque de solutions, d’aides et de préventions créent un cercle vicieux où il peut être difficile de trouver le bout du tunnel. Les raisons de ce mal-être sont multiples et se complètent : les difficultés financières (29%), la recherche de stage ou d’emploi (28%), le cadre familial (25%), … sont autant de tensions qui impactent négativement la vie quotidienne des jeunes.

UNE JEUNESSE SUJETTE ET EXPOSÉE À DIFFÉRENTS TROUBLES DANS SON QUOTIDIEN

Plus de 50% des 16-24 ans ne se disent « pas épanouis » dans leurs relations sentimentales (37%), faisant de celles-ci la seconde source d’anxiété après les études (61%). Des chiffres pas si surprenants que ça… Cette tranche d’âge est rythmée par la découverte du sentiment amoureux et le choix, parfois difficile, de l’orientation scolaire.

Le sondage Opinionway-Psychodon met en lumière un mal-être général de la jeunesse, 91% des répondants ressentent au moins l’un des maux suivants : le stress (77%), la déprime (68%) et la tristesse (65%) qui sont les troubles les plus répandus, touchant plus particulièrement les femmes. 24%, est le pourcentage de jeunes ayant des pensées suicidaires au quotidien. Il s’agit sans doute du chiffre le plus frappant de ce sondage. Ce chiffre est d’autant plus alarmant que 30% de ces jeunes sont âgés de seulement 16 à 18 ans.

Il est important de rappeler que l’épidémie du COVID-19 n’a arrangé en rien cette situation puisqu’après avoir passé plusieurs mois confinés et sans assurance quant aux évènements du lendemain, 45% des sondés estiment que la crise sanitaire a intensifié leur anxiété.

UN SYSTÈME PEUT ENCLIN À LES AIDER

Parmi les interrogés, 66% assument parler difficilement de leur mal-être. 3 jeunes sur 10 disent même en parler “ très difficilement ”. Un chiffre qui souligne une fois de plus le tabou et la pression sociale que certains ressentent à l’idée de se livrer sur leur état psychologique.   L’étude a révélé que le tiers de personnes osant en parler était composé majoritairement de personnes vivant en collocation (53%) ou en résidence universitaire/internat (51%). Cela montre le rôle principal que peut avoir le lien avec l’autre. Ici, il permet de se confier et d’exprimer ses émotions dans un lien de confiance.

Le manque d’information continue de perpétrer ces tabous. Pas étonnant de découvrir que seulement 11% des sondés ont déjà entendu parler du brevet de secouriste en santé mentale. D’ailleurs, la majorité des jeunes interrogés souhaitent que la première mesure du futur président(e) de la République tende à combler ce manque. Remboursements des séances chez un psy (32%), prévention et sensibilisation sur les maladies psychiques (22%), assurer un suivi psychologique dans les écoles (19%) sont les points les plus importants attendus par les jeunes pour le prochain mandat.

Si l’appel des étudiants semble avoir été entendu, en effet, dès le mois d’avril, le dispositif gouvernemental MonPsy, permettra le remboursement de 8 séances annuelles à hauteur de 40€ la première; il n’en demeure pas moins que les suivantes seront conventionnées dans la limite de 30€ et sous réserve de prescription médicale. Des services d’écoute anonymes et gratuits sont également disponibles comme le 3114, numéro nationale pour la prévention du suicide.

FAIRE BOUGER LES LIGNES POUR LA SANTÉ MENTALE DES JEUNES

Le Psychodon a lancé le 28 février dernier un appel à projets “jeunes et santé mentale”. Tous les porteurs de projets, sur les territoires, peuvent postuler jusqu’au 29 avril 2022 en envoyant le formulaire de candidature à l’adresse mail suivante : appelaprojets@psychodon.org. La jeunesse est confrontée à une société où “les traumatismes” se cumulent : il est donc urgent d’accompagner toutes les initiatives qui contribuent à protéger la santé mentale des jeunes.

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