Passer du temps dans son jardin devrait être prescrit sur certaines ordonnances médicales en cas de troubles psychiques. De plus en plus d’études prouvent les effets positifs de cette activité de plein-air sur la santé mentale. Un avis que partage une adepte du jardin, Sue Stuart-Smith, psychiatre et auteure d’un livre sur le sujet, L’Equilibre du jardinier, édité chez Albin Michel le mois dernier.
Combien de Français se sont plongés les mains dans la terre lorsqu’ils disposaient d’un jardin, pendant le premier confinement ? Si certains sont devenus les rois des fourneaux, d’autres ont acquis la main verte durant cette période. Une manière peut-être d’échapper au contexte anxiogène des premiers mois de l’épidémie. Cette soudaine passion pour le jardinage n’a finalement rien de surprenant puisqu’il a été démontré à maintes reprises que cette activité est bonne pour la santé mentale. C’est d’ailleurs là que l’expression « Cultiver son jardin intérieur » prend tout son sens.
Une plongée dans l’Angleterre des jardins
Avec son livre « L’Equilibre du jardinier », Sue Stuart-Smith enjoint tous ceux qui le peuvent à enfiler leurs gants de jardinier et passer le plus de temps possible à l’extérieur. Cette psychiatre et psychanalyste britannique partage une passion, devenu en Angleterre un sport national. Au pays des hortensias et des petites pâtures bocagères et verdoyantes, la terre y est à jardin. Dans ce livre où elle mêle conseils d’horticulture et psychanalyse, Sue Stuart-Smith nous ouvre les portes de son jardin personnel. Avec son époux, Tom, paysagiste, elle a réhabilité une ancienne ferme dans le Hertfordshire, au nord de Londres. On imagine déjà ce jardin à l’anglaise pittoresque. Pour elle, le jardin n’est pas qu’une simple parcelle de plantes. « Le jardin est peuplé de souvenirs aussi bien que de plantes : les batailles d’eau, les chasses aux œufs de Pâques, les longs déjeuners d’été, les jeux de perdrix. Des couches de mémoire sont greffées sur le lieu dans nos esprits. » S’il est l’endroit où germe la nostalgie, il est aussi un espace mental, qui « vous donne le calme, afin que vous puissiez entendre vos pensées ». « Lorsque vous travaillez avec vos mains dans le jardin, désherbez ou tondez, vous libérez votre esprit pour travailler sur les sentiments et les problèmes. En prenant soin de vos plantes, vous jardinez également votre espace intérieur et, au fil du temps, un jardin se tisse dans votre sens. d’identité, devenant un lieu pour « nous protéger lorsque les choses se corsent ».
Des effets curatifs sur de nombreux troubles psy
Elle rejoint à ce titre le poète anglais Wordsworth qui a dit que se promener dans un jardin, c’est être « au milieu des réalités des choses ». Stuart-Smith plaide ainsi pour un reverdissement des espaces, notamment urbains. Car encourager la plantation d’espaces verts, c’est faire un pas en faveur de la santé mentale. Plusieurs études ont en effet prouvé les effets positifs de la nature et du jardin sur le corps et l’esprit. L’idée que le jardin a un effet curatif sur la santé mentale apparaît au début du 18e siècle. Au 20e siècle, les hôpitaux psychiatriques, alors appelés « asiles », ont commencé à développer le jardinage parmi les activités proposées aux patients. Les résultats se font dès lors ressentir : avec un impact positif sur l’humeur, la confiance en soi, mais aussi dans le cas de troubles plus graves tels que la dépression et l’anxiété. En 1982, la célèbre revue Science publiait une étude expliquant que certains patients se remettaient plus rapidement après une opération, avec moins d’analgésiques, en se sentant plus sereins dès lors que leur fenêtre donnait sur un paysage naturel.
Une autre étude menée par deux scientifiques américains, Ulrich et Simons, a montré en 1986 que la vue des plantes diminuait les symptômes physiologiques liés au stress (baisse de la tension musculaire et de la pression artérielle, rééquilibrage du rythme cardiaque…). Des chercheurs tentent aujourd’hui de montrer que le jardinage pourrait atténuer les comportements agressifs chez les jeunes.