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Didier Meillerand, journaliste-producteur et fondateur du « Psychodon, agir pour la santé mentale », inaugure aujourd’hui le nouvel espace Opinions & débats dans Nice-Matin. Dans cette tribune libre, il relie le mal-être des adolescents et jeunes adultes à un système éducatif peu adapté.

Aujourd’hui, en France, un quart des 16 – 24 ans se déclarent malheureux et 55% sont inquiets pour leur avenir, selon un sondage Opinionway-Psychodon. Première source d’anxiété citée: les études. Il y a urgence à agir pour rendre le système éducatif français, peu enclin à les rassurer au fil de leur parcours, moins anxiogène.

L’Éducation nationale: un académisme archaïque

Dans nos écoles, certaines approches pédagogiques n’ont pas changé depuis 30 ans! Baudelaire ou Marivaux sont au programme face à des classes et des profils de jeunes connectés à d’autres codes et d’autres langages. Si l’enseignement des fondamentaux demeure essentiel, les façons d’apprendre ne tiennent pas compte des environnements dans lesquels vivent les jeunes comme les réseaux sociaux, les séries, les jeux vidéo… Pourquoi ne pas utiliser ces nouvelles connexions au monde pour enseigner la littérature ou encore les langues?

Pour l’institution, si le niveau baisse, c’est nécessairement parce que les jeunes ne travaillent pas assez mais elle doit balayer devant sa porte. Les académismes sont trop souvent sources de pression, d’anxiété, d’échec: c’est soit tu rentres dans le moule, sois tu échoues. L’Éducation nationale doit associer l’apprentissage avec le plaisir et le désir plutôt qu’avec la contrainte et la pression.

Un parcours éducatif déshumanisé par des algorithmes

Dès le début du parcours éducatif, une carte scolaire s’impose aux familles avec, selon leur lieu de vie, l’accès à des écoles plus ou moins « privilégiées ». À l’issue du CM2, les affectations vers les collèges renforcent ces injustices sociales. Seules certaines familles connaissent les stratégies d’évitement des établissements les plus fragiles ou se dirigent vers le privé en payant! Cela renforce profondément les inégalités et alimente l’anxiété: pression de l’excellence dans les « bonnes écoles », sentiment d’être sacrifiés à son sort dans les « mauvaises »…

Mais là n’est pas la seule source de stress. En fin de 3ème, la procédure Affelnet, qui détermine l’orientation des jeunes vers leur lycée, est toxique pour leur santé mentale. Cet algorithme, complètement déshumanisé, prend la forme de points attribués à l’élève en fonction de son adresse, de ses résultats, des ressources de sa famille. Encore une fois, seules les familles pouvant payer pour la scolarité de leur enfant échapperont à des orientations non souhaitées.

En fin de terminale, le processus se poursuit avec le couperet Parcoursup. Plutôt que de les soumettre à ces algorithmes qui cassent, laissons-les agir! En mettant en place de vrais processus de concertation avec les enseignants, les psychologues scolaires quand il y en a (et il en faudrait beaucoup plus!), les chefs d’établissement… Rendons-les libres dans leur choix d’orientation!

Quand va s’arrêter le massacre de la santé mentale de nos jeunes?

En France, aujourd’hui, les études sont une source d’anxiété pour 61% des 16-24 ans. Plus alarmant encore: 24% des jeunes de cette tranche d’âge déclarent avoir déjà eu des pensées suicidaires. Il y a urgence à trouver des solutions pour les apaiser. Il faut leur proposer de se former aux Premiers Secours en Santé Mentale. Disons aussi aux élèves et aux étudiants: n’hésitez pas à vous faire accompagner par un psy, dès les premiers troubles. Des séances sont désormais gratuites pour toutes et tous.

Renseignez-vous sur la plateforme MONPSY et prenez rendez-vous pour vous aider à garder confiance en vous et en votre avenir.

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