Le burn out ne se limite pas à une simple fatigue passagère. Par Christine Villelongue, présidente de France Dépression et coordinatrice nationale du Forum national de la santé mentale.
Le burn out est aujourd’hui un enjeu majeur dans le monde professionnel, impactant de plus en plus de salariés.
Une étude réalisée par OpinionWay et Psychodon pour KPMG France en 2023 révèle une dégradation de la santé mentale des salariés. Loin d’être un refuge, le monde du travail devient un catalyseur de stress et de souffrances psychiques. Surcharge de travail, manque de reconnaissance et pression constante favorisent l’épuisement professionnel. Si de nombreux salariés débutent leur journée avec enthousiasme, 40 % d’entre eux sont pourtant en proie à un moral en berne, une situation exacerbée par une fatigue mentale persistante.
Comment identifier les signes ?
Le burn out ne se limite pas à une simple fatigue passagère. Il se traduit par un épuisement physique et émotionnel durable, des troubles du sommeil, une perte de motivation, une difficulté à se concentrer et un retrait social. L’irritabilité et le détachement vis-à-vis du travail sont aussi des signaux d’alerte trop souvent ignorés.
Pour détecter ce syndrome, le Maslach Burnout Inventory (MBI) constitue un outil essentiel. Il évalue trois dimensions clés : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la perte du sentiment d’accomplissement. Aujourd’hui, des tests similaires sont accessibles dans de nombreux laboratoires, facilitant ainsi le diagnostic précoce.
Quelles solutions pour prévenir le burn out ?
En 2022, seules 3 entreprises sur 10 avaient mis en place des dispositifs de soutien pour le bien-être de leurs salariés. Pourtant, plusieurs mesures peuvent être adoptées pour endiguer ce fléau.
> Sensibiliser et former : les entreprises doivent informer leurs collaborateurs sur les risques psychosociaux et les former à la gestion du stress ;
> Faciliter la détection : l’instauration d’un dialogue ouvert et la mise en place de dispositifs d’écoute permettent d’identifier les signes précurseurs ;
> Adapter les conditions de travail : réduction de la charge de travail, flexibilité des horaires et encouragement au télétravail sont des leviers essentiels ;
> Encourager l’accompagnement : le recours à des psychologues, des groupes de parole et des numéros d’aide doit être intégré dans les politiques internes des entreprises ;
> Miser sur la prévention innovante : le test salivaire, qui mesure les niveaux de cortisol et de stress, constitue un outil précieux pour repérer précocement les salariés à risque et adapter les actions de prévention.
Investir dans la prévention du burn out, c’est non seulement protéger la santé des salariés, mais aussi assurer la pérennité et la performance des entreprises. Face à ce mal silencieux, il est urgent d’agir.
Par Christine Villelongue, présidente de France Dépression et coordinatrice nationale du Forum national de la santé mentale.